Exercice en libéral secteur 1 ou 2

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Si vous êtes tenté vous installer en libéral, il est important que vous soyez d’emblée au courant des avantages et inconvénients de ce type d’exercice. Ainsi, vous pourrez choisir en toute connaissance de cause.

A/ Aspects communs à l’exercice en libéral, secteur 1 ou 2

1/ Charge de travail et Tâches administratives :

En libéral, la charge de travail est très importante. Il est très difficile de travailler 35h comme n’importe quel salarié français y a droit. Dans votre temps de travail, il faut décompter le temps des actes médicaux bien sûr, mais aussi le temps passé au travail mais gâché car 10% de vos rendez-vous ne seront pas honorés, et enfin et surtout, le temps consacré à l’administratif. En libéral, la gestion de l’URSSAF, RSI, CARMF, AGA, les charges courantes (loyer, équipement de votre cabinet…), les courriers aux confrères et la tenue de votre comptabilité mais aussi vous obligations de FMC vous prendront  au moins 10% de votre temps de travail hebdomadaire.

Du reste, même un comptable ne résoudra pas ce problème puisqu’il vous faut tenir vous même votre liasse comptable. Vous pouvez prendre une secrétaire et un comptable, mais cela engendre des frais supplémentaires. Le temps de travail et les Tâches administratives (qui sont non rémunérées) sont bien plus importantes en libéral qu’en salariat.

Une chose est sûre, en libéral, vous aurez souvent à choisir entre le travail et votre vie privée.

2/ Gardes

Il est possible de faire ou de ne pas faire de garde, tout dépend du secteur géographique et du besoin en permanence de soins du lieu de votre exercice.

3/ Indépendance

Point essentiel de l’exercice libéral, vous exercez sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit sur votre activité. Vous vous organisez à votre guise. C’est bien sûr l’avantage essentiel du libéral.

4/ Travail en équipe

Plus difficile à mettre en place en libéral, il est possible en cas d’exercice en maison de santé ou en cabinet de groupe. Mais il s’agit toutefois d’un exercice en réseau plus qu’en équipe. Rien de commun avec l’équipe avec qui on travaille dans un contexte institutionnel.

5/ Retraite, Protection sociale (maladie)

Gros point noir de l’exercice libéral, la protection sociale des médecins libéraux est celle de toute personne exerçant en libéral: c’est à dire très mauvaise. On est loin du 1 jour de carence d’un salarié hospitalier pour un arrêt de travail. Il y a 90j de carence, en libéral. De plus, l’indemnité en cas de congé maternité ou paternité est très faible. Enfin, la retraite est extrêmement faible. Divers plans de prévoyance, privés, existent, mais cela amputera d’autant vos revenus.

6/ Ingérence des institutions

La volonté actuelle, en particulier de la CPAM, conduit à de multiples procédures normatives: vous aurez en permanence à justifier votre pratique par comparaison à des indicateurs statistiques. Par exemple, vous pourrez être épinglé parce que vous prescrirez plus de bilans biologiques que vos confrères établis dans le département, et il vous faudra le justifier. Cela nécessite d’être rompu à une certaine endurance. De même, vous risquez des amendes en cas de non-télétransmission.

7/ Pression médico-légale

Contrairement à l’hôpital ou à une clinique, en libéral vous êtes directement responsable puisqu’il ne peut pas y avoir de faute de service. Avec la judiciarisation actuelle de la pratique médicale, il faut accepter qu’une partie de votre temps et de vos ressources soit consacrée à votre défense sur le plan judiciaire.

8/ Exigence des patients

Les patients deviennent de plus en plus exigeants, toutefois, l’avantage en libéral et de pouvoir, hors situation d’urgence, soigner les patients avec qui le courant passe, et pas les autres. Cela vous permet aussi de vous orienter vers le type de pratique et de pathologies qui vous convient au mieux.

9/ Charges de l’exercice

Sans surprise, il faut être préparé au fait que les charges de l’exercice (responsabilité civile professionnelle, loyers…) ne feront que croire de façon incontrôlée, car elles ne respectent aucun tact et mesure, tandis que vos ressources auront une croissance plus limitée.
Les impôts sont également très lourds:

http://www.egora.fr/sante-societe/fiscalit%C3%A9/155128-la-nouvelle-taxe-professionnelle-jusqu%E2%80%99%C3%A0-quatre-fois-plus-ch%C3%A8re

10/ Initiation de l’activité

La faiblesse de la démographie médicale fait que votre cabinet sera rempli très vite, si vous avez un minimum de compétence. La problème n’est pas dans le recrutement de patients, mais dans l’obtention des locaux, et des prêts pour votre matériel.

Locaux: la plupart des grands villes n’autorisent pas systématiquement l’installation d’un médecin dans un local autre que commercial. Il faut toujours tenir compte du règlement de copropriété, qui doit autoriser l’exercice d’un médecin, et de l’autorisation de l’urbanisme de la mairie de rattachement, laquelle est loin d’être automatique. Bien se renseigner avant de s’installer.

11/ Perception par le grand public.

Il faut savoir que les médecins libéraux sont perçus par le public, comme des nantis, ce qui est loin d’être le cas (voir plus bas). Il faut savoir que vous aurez à affronter une opinion publique défavorable et peu encline à prendre en compte la difficulté de l’exercice médical.

Il faut également savoir que cette même perception existe chez des confrères médecins, souvent exerçant dans le public, et qui pourtant peuvent très bien percevoir un salaire supérieur à vos revenus, pour une protection sociale supérieure.

B/ Différences entre secteur 1 et 2

1/ Revenus Nets

Le revenu net est grossièrement de 50% de votre chiffre d’affaires une fois déduites les cotisations obligatoires, et les charges de fonctionnement de votre cabinet.

Dans tous les cas, les difficultés pour répercuter l’augmentation des charges et frais sur vos recettes (car les honoraires en secteur 1 n’augmentent pas et ceux en secteur 2 vont être plafonnés) vont vous entraîner quoiqu’il arrive vers une inéluctable perte de pouvoir d’achat progressive.

2/ Revenus

L’exercice en secteur 1 pose un certain nombre de problèmes. En l’occurrence, la totale déconnexion des honoraires conventionnels avec le coût de la vie. Pour un généraliste, la consultation est à 23€. Imaginons un médecin généraliste souhaitant consacrer 30 min par patient soir 2 patients par heure, et travailler 35h. Son chiffre annuel sur 52 semaines se calcule ainsi, en tenant compte de 5 semaines de vacances, du temps consacré au tâches administratives (-10%) et à l’absentéisme des patients (-10%):

50%[(35-10%x35-10%x35)x2x(52-5)]x23=30268€ soit 2522€/mois

Même condition pour un spécialiste (28€ de la consultation):  36848 € soit 3070€/mois

Et avec ces chiffres, ces médecins n’ont encore cotisé ni pour améliorer leur retraite ni leur protection sociale.

Seules solutions pour les médecins secteur 1: accepter ce niveau de rémunération, augmenter le nombre de consultations au détriment du temps accordé à chaque patient, augmenter votre volume horaire, ou se déconventionner.

Seul le secteur 2, permettant des honoraires libres, permet d’obtenir une adaptation des honoraires à un niveau en rapport avec la nature de l’exercice médical et au coût de la vie. Il est donc toujours préférable de s’installer en secteur 2. En effet, une fois le choix de secteur 1 fait, il est irrévocable, tandis qu’il est toujours possible de passer en secteur 1.

3/ Cotisations sociales

L’avantage du secteur 1 est le fait qu’une partie des cotisations sociales est prise en charge par l’Assurance Maladie.

4/ Au total

Le gros inconvénient du secteur 1 est qu’il empêche toute plasticité. Les médecins en secteur 1 rend les médecins tributaires de l’assurance maladie pour les revenus et qu’ils ne peuvent d’adapter à l’augmentation des charges, ce qui entraîne une perte de pouvoir d’achat.

C/ Conclusion

L’exercice libéral doit être réservé aux médecins pour qui l’indépendance d’exercice est une valeur fondamentale. Ceux qui souhaiteraient exercer dans le but d’augmenter leurs revenus se trompent de motif: l’exercice libéral ne s’y prête pas bien, et uniquement au prix de lourds sacrifices en temps de temps de travail et de protection sociale. Ne vous laissez pas abuser par ce qui est véhiculé par les médias, et faites vos calculs par vous-même, car hormis quelques orfèvres et médecins médiatiques, vous ne ferez pas fortune par le libéral. Il est donc essentiel de bien peser le pour et le contre avant de s’installer.